« Pour une Église synodale », tel est le thème du synode qui s’est ouvert à Rome les 9 et 10 octobre derniers. Mais qu’est-ce qu’un synode ?
Étymologiquement, « synode » signifie « marcher ensemble ».
Historiquement parlant, la démarche synodale a été explicitement voulue par le Concile Vatican II qui s’est tenu entre 1962 et 1965. Cette volonté répondait à une question laissée en
suspens par le premier Concile du Vatican (1869-1870). Ce Concile, réuni par le pape Pie IX pour lutter contre les « erreurs du temps moderne », s’est terminé non seulement dans la
précipitation à cause de la déclaration de guerre entre la France et l’Italie, mais aussi dans la confusion avec le vote très controversé du dogme de « l’infaillibilité pontificale
». Craignant une survalorisation du pouvoir du pape, une série d’évêques – dont l’épiscopat belge - avaient même quitté l’assemblée conciliaire afin de ne pas devoir voter un texte qui
risquait de faire du pape un quasi-« demi-dieu » !
Rapidement est apparue dans l’Église l’idée de devoir sinon corriger à tout le moins compléter le mode de gouvernance dans l’Église induit par cette décision de Vatican I.
Il a fallu le courage et le cran d’un Jean XXIII pour oser braver les oppositions même de proches collaborateurs de la Curie et convoquer, en 1959, le Concile Vatican II dont l’un des objectifs était précisément d’adapter le discours et le fonctionnement de l’Église pour les rendre compréhensibles dans notre société contemporaine. Cette intention s’est soldée par une véritable révolution qui consistait à déclarer que l’Église ne se résume pas à la hiérarchie mais qu’elle est d’abord et avant tout le peuple de Dieu en marche.
Un moyen proposé pour donner corps à cette réalité a été de réunir régulièrement un synode autour de thématiques précises pour associer les Églises locales au gouvernement de l’Église. Mais il a bien fallu constater que cette belle intention n’a pas nécessairement atteint ses objectifs et que ce même gouvernement – pour bien des raisons – est resté très centralisé et clérical.
Élu pape et devant la désertification croissante de l’Église catholique, François relance cette intuition conciliaire. En ouvrant la phase diocésaine du Synode, le dimanche 17 octobre, le Cardinal De Kesel déclarait : « Il s’agit explicitement de l’avenir de l’Eglise dans le contexte de notre culture sécularisée. C’est l’objectif que poursuit le Pape François : une Eglise synodale et non cléricale. Il est intimement convaincu que c’est ce que Dieu souhaite pour son Eglise en ce troisième millénaire. Une Eglise sûre d’elle-même et cléricale ne peut annoncer l’Evangile de façon crédible. »
Abbé Daniel Chavée