Le mois de novembre débute chaque année pour nous par la Fête de la Toussaint suivie aussitôt du jour de prière pour les défunts. Au moment où la nuit prend de plus en plus possession
des jours et où s’annonce l’hiver, ces deux temps de célébration viennent nous rappeler notre condition de mortels tout en nous aidant à saisir le sens ultime de notre existence humaine.
Temps de fête, c’est-à-dire de réjouissance, mais également temps marqué par la tristesse des séparations, ces deux journées touchent au plus intime de ce que nous sommes. Elles nous
renvoient autant à notre espérance chrétienne qu’à nos solidarités entre vivants et morts, sans négliger ou mépriser nos angoisses naturelles devant la mort, la nôtre et celle de ceux qui nous
sont chers.
En commençant par fêter « tous les saints » - et il est bien naturel que nous en préférions plus que d’autres car il y a le choix ! -, c’est-à-dire toutes celles et tous ceux,
innombrables, connus et surtout inconnus, qui ont vécu dans l’amitié de Dieu, nous pouvons d’abord nous rappeler la vocation de chacun à savoir vivre dès aujourd’hui et pour toujours dans la
proximité du Créateur. En effet, la sainteté, c’est-à-dire l’union au seul Saint, n’est pas un chemin réservé à quelques êtres exceptionnels, mais c’est bien l’état auquel, si nous le
choisissons, nous sommes toutes et tous destinés.
À l’occasion de ces deux jours de célébration, nous sommes également invités à découvrir que tous ceux qui nous ont précédés dans l’épreuve de la mort restent en communion avec nous, et qu’ils
gardent une capacité d’agir sous l’action de l’Esprit de Dieu qui les habite de façon permanente. Car si la mort vient mettre une limite à nos existences terrestres, à nos corps
corruptibles, à nos relations physiquement sensibles, elle ne nous enferme pas pour autant sous les scellés de l’abîme et du vide. L’enseignement de l’Évangile et celui de l’Église nous
apprennent que les défunts entrent dans une nouvelle proximité avec Dieu. Placés dans la lumière du Celui-ci, illuminés par sa gloire, ils peuvent nous en faire profiter au moyen de leurs
prières pour nous. Pouvant maintenant contempler le Christ Ressuscité et adhérer totalement à son mystère, ils ont la capacité d‘intercéder pour nous, comme tous les saints officiellement
reconnus. C’est ce que l’Église appelle « la communion des saints », c’est-à-dire la solidarité entre les vivants de ce côté-ci de la vie, et les vivants de l’autre côté de la
vie.
Ces deux fêtes illumineront tout ce mois de novembre et nous conduiront vers une nouvelle année liturgique qui s’ouvrira le dernier dimanche de novembre. Nous entrerons alors de plain-pied
dans le temps de l’Avent que nous vivrons sous le signe de la solidarité. Nous en reparlerons le mois prochain.
Abbé Daniel Chavée